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matinée d’automne enveloppait de ses rayons d’or les cimes des montagnes et la large vallée verdoyante. Des alpages inférieurs montait le tintement des cloches des troupeaux dont la douce sonnerie faisait une impression de bien-être et de paix. Le grand champ de neige vis-à-vis brillait de mille étincelles, et le Falkniss tout gris élevait jusque dans l’azur profond du ciel ses grandes tours majestueuses. La brise du matin, fraîche et délicieuse, passait sur l’alpe en courbant tout doucement les dernières campanules qui seules avaient survécu à l’été et semblaient balancer avec bonheur leur petite tête au soleil ; l’oiseau de proie aussi décrivait ses grands cercles bien haut dans les airs, mais cette fois il ne croassait pas ; les ailes déployées, il planait avec lenteur dans l’azur tranquille, comme au sein d’une calme et profonde béatitude.

Heidi regardait les fleurs doucement agitées, le ciel bleu, le gai soleil, l’heureux oiseau dans les airs ; tout était si beau, si beau ! ses yeux étincelaient de bonheur. Elle se tourna vers son ami pour s’assurer qu’il voyait aussi toutes ces belles choses. Le docteur était jusqu’alors resté silencieux et pensif ;