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— Viens vers moi, mon garçon, approche ! n’aie pas peur ! lui cria Mme Sesemann en avançant la tête entre les sapins.

Pierre s’arrêta pétrifié d’horreur. Après tout ce qui s’était déjà passé, il n’avait plus aucune force de résistance ; il ne sentait distinctement qu’une chose : « à présent tout est découvert ! » — Ses cheveux se dressaient sur sa tête et, pâle de teneur, il sortit lentement de derrière les arbres.

— Avance donc sans détours, lui disait la grand’maman pour l’encourager. À présent, mon garçon, dis-moi un peu, est-ce toi qui as fait cela ?

Pierre ne leva pas les yeux et ne vit pas ce que Mme Sesemann lui désignait du doigt. Il venait d’apercevoir au coin du chalet le Vieux de l’alpe dont les yeux gris étaient fixés sur lui avec un regard perçant, et à ses côtés l’objet de sa plus grande terreur, l’agent de police de Francfort. Tremblant de tous ses membres, il fit entendre une sorte de « oui » étouffé.

— Eh bien, qu’y a-t-il là de si terrible ? dit la grand’maman.

— C’est que, — c’est que, — c’est qu’il est en