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comme quoi chaque matin sa première pensée au réveil était : Oh ! quel bonheur ! je suis encore sur l’alpe !

Avec des rapports aussi satisfaisants, la grand’maman était sans inquiétude, et elle trouva que, puisque les choses allaient si bien, elle pouvait remettre encore un peu sa seconde visite à l’alpe, ce dont elle n’était pas fâchée, car la grimpée à cheval par le raide sentier et surtout la descente l’avaient bien un peu incommodée.

Le grand-père semblait avoir pris une sympathie toute particulière pour sa petite invalide ; en effet, il ne se passait pas de jour qu’il n’imaginât quelque chose de nouveau pour la fortifier. Chaque après-midi il partait pour une expédition parmi les hauts rochers et en revenait toujours chargé d’une botte d’herbe qui de loin déjà embaumait l’air d’une forte odeur d’œillets et de thym. Le soir, lorsque les chèvres redescendaient, elles se mettaient à bêler en se précipitant vers la petite étable dans laquelle elles auraient voulu pénétrer, attirées par le parfum de ces herbes qu’elles connaissaient bien. Mais le Vieux avait soin de tenir la porte bien fermée ; car