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qui s’était passé et de l’influence réjouissante que le Vieux de l’alpe et sa petite-fille exerçaient dans la paroisse.

Dès lors, Pierre lut chaque soir un cantique ; sa soumission à Heidi allait jusque-là, mais pas plus loin ; il n’en essayait jamais un second, et la grand’mère, du reste, ne l’en priait pas. Quant à la mère Brigitte, elle recommençait chaque fois à s’étonner de ce que Pierre fût arrivé à ce résultat, et souvent, lorsque la lecture était finie et le lecteur dans son lit, elle répétait encore à la grand’mère :

— On ne saurait pourtant assez se réjouir de ce que Pierrot a si bien appris à lire ; qui sait maintenant ce qu’il pourra encore devenir !

À quoi la grand’mère répondait :

— Oui, c’est bon pour lui d’avoir appris quelque chose ; mais je serai tout de même bien contente lorsque le bon Dieu nous renverra le printemps et que Heidi pourra de nouveau monter ; c’est comme si les cantiques qu’elle lit étaient tout autres. Quand c’est Pierre, il manque parfois quelque chose, alors je cherche à le retrouver, et après je ne peux plus bien suivre les idées, et cela ne me fait plus la même