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134 LES LUNDIS D’UN CHERCHEUR. Nous donnons ici ces lignes curieuses « A quatre lieues de Blois, à une lieue de la Loire, dans une petite vallée fort basse, entre des marais fangeux et un bois de grands chênes, loin de toutes les routes, on rencontre tout à coup un château royal, ou plutôt magique. On dirait que, contraint par quelque lampe mer- veilleuse, un génie d’Orient l’a enlevé pendant une des mille et une nuits, et l’a dérobé au pays du soleil, pour le cacher dans ceux des brouillards avec les amours d’un beau princej Ce palais est enfoui comme un trésor ; mais à ces dômes bleus, à ces élégants minarets, ar- rondis sur de larges murs ou élancés dans l’air, à ces longues terrasses qui dominent les bois, à ces flèches légères que le vent balance, à ces croissants entrelacés partout sur les colonnades, on se croirait dans les royaumes de Bagdad ou de Cachemire, si les murs noircis, leur ta- pis de mousse et de lierre et la couleur pâle et mélancolique du ciel n’attestaient un pays pluvieux. Ce fut bien un génie qui —éleva ces bâtiments, mais il vint d’Italie et se nomma le Primatice ; ce fut bien un beau prince dont les