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DES PROPRIÉTÉS QUI N’APPARTIENNENT PAS À DIEU

pour parler plus exactement, sont un seul être qui existe par lui-même et par conséquent ne peut être connu que par lui-même. Pour les autres choses, nous voyons qu’elles ne sont que des modes de ces attributs, sans lesquels elles ne peuvent ni exister ni être comprises. Les définitions doivent donc être de deux sortes d’espèce :

1o Les définitions des attributs qui appartiennent à un être subsistant par lui-même, lesquels n’ont besoin du concept d’aucun genre, ni de quoi que ce soit, car puisqu’ils sont les attributs d’un être subsistant par lui-même, ils sont aussi connus par eux-mêmes.

2o Les définitions des autres choses qui ne subsistent par elles-mêmes, mais seulement par les attributs dont elles sont les modes et par lesquels elles peuvent être comprises, comme par leurs genres.

En voilà assez sur leur théorie de la définition.

Pour le second point, à savoir que Dieu ne peut être connu par nous d’une manière adéquate, il y a été suffisamment répondu par Descartes dans ses Réponses aux objections qui concernent précisément cette question.

Enfin, quant au troisième point, que Dieu ne peut être prouvé à priori, nous y avons déjà répondu (ch. Ier) : car, puisque Dieu est cause de lui-même, il suffit de le prouver par lui-même ; et une telle preuve est beaucoup plus rigoureuse que la preuve à posteriori qui n’a lieu d’ordinaire que par le moyen des causes extérieures.