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DIEU CAUSE UNIVERSELLE



CHAPITRE III


DIEU CAUSE UNIVERSELLE.


Commençons à nous occuper de ces attributs de Dieu que nous avons appelés propres[1], et d’abord de Dieu, considéré comme cause de toutes choses.

Nous avons déjà dit qu’une substance ne peut en produire une autre, et que Dieu est l’être dont on peut affirmer tous les attributs ; d’où il suit que toutes choses ne peuvent ni exister ni être conçues hors de Dieu ; c’est pourquoi nous disons que Dieu est cause de tout. Mais, comme on a l’habitude de diviser la cause efficiente en huit parties, voyons maintenant de combien de manières Dieu est cause.

1o Il est cause émanative ou opérante, et, en tant que l’action a lieu, cause efficiente ou active, ce qui est une seule et même chose, ces deux attributs rentrant l’un dans l’autre.

2o Il est cause immanente, non transitive, puisqu’il opère tout en soi, et rien en dehors, rien n’étant en dehors de lui.

3o Dieu est une cause libre, non naturelle, comme

  1. Nous les appelons propres, parce que ce ne sont que des adjectifs qui ne peuvent être conçus sans leur substantif ; c’est-à-dire que Dieu, sans eux, ne pourrait pas être Dieu ; mais cependant il n’est pas Dieu par elles : car elles ne signifient rien de substantiel, c’est-à-dire ce par quoi seulement Dieu existe. (M. S.)

    Spinoza distingue ici les vrais attributs de Dieu, ou attributs substantiels, qui nous apprennent ce que Dieu est en lui-même, par exemple, la pensée et l’étendue, et les attributs extrinsèques qui ne constituent pas son essence. (P. J.)