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QU’EST-CE QUE DIEU ?

que ceux qui nous sont connus sont au nombre de deux, à savoir la pensée et l’étendue : car nous ne parlons ici que des propriétés que l’on peut proprement appeler attributs de Dieu, et par lesquelles nous le connaissons en lui-même, et non tel qu’il agit en dehors de lui. Toutes les propriétés que les hommes attribuent encore à Dieu en dehors de ces deux attributs (si toutefois elles lui appartiennent) ne sont, ou bien que des dénominations extrinsèques, comme : qu’il subsiste par lui même, qu’il est unique, éternel, immuable ; ou bien ne sont que ses opérations, comme : qu’il est cause, prédestinateur, directeur de toutes choses : ce sont bien là en effet les propres de Dieu, mais nous n’apprendrons rien par là de ce qu’il est en lui-même. Comment de telles qualités peuvent-elles avoir lieu en Dieu. C’est ce que nous expliquerons dans le chapitre suivant.

Mais, pour mieux comprendre ce qui précède et introduire à ce qui suit, nous nous servirons de la forme suivante :


Dialogue entre l’Entendement, l’Amour, la Raison et le Désir[1].


L’Amour. – Je vois, mon frère, que mon essence et ma perfection dépendent absolument de ta perfection, et que ta perfection, d’où dépend la mienne, n’est autre que la perfection même de l’objet que tu as conçu : dis-moi donc, je te prie, si tu as conçu un être souverainement parfait, qui ne peut être limité

  1. Nous reproduisons ici la note du traducteur allemand, en appliquant seulement à la langue française tout ce qu’il dit de la langue allemande ; car les mêmes observations sont applicables de part et d’autres : « Dans le texte hollandais, ces quatre mots sont exprimés dans les termes suivants :