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QU’EST-CE QUE DIEU ?

le tout. Mais quant à l’étendue, qui est une substance, on ne peut pas dire qu’elle ait des parties, parce qu’elle ne peut devenir plus petite ou plus grande, et qu’aucune de ses parties ne peut être pensée séparément et en elle-même, puisqu’elle est infinie de sa nature : or, s’il en était autrement, et qu’elle résultât de l’ensemble de ses parties, on ne pourrait pas dire qu’elle est infinie de sa nature, comme il a été dit ; car dans une nature infinie, il est impossible qu’il y ait des parties, puisque toutes les parties, d’après leur nature, sont finies.

Ajoutez en outre la considération suivante : si l’étendue se composait de parties distinctes, on pourrait supposer que, quelques-unes de ces parties étant anéanties, l’étendue subsisterait néanmoins, et qu’elle ne serait pas annihilée par l’annihilation de quelques parties ; ce qui est une contradiction évidente dans une essence qui par nature est infinie et qui ne peut jamais être finie et limitée ni être conçue comme telle. De plus, quant à ce qui concerne les parties dans la nature, nous répétons que les parties (comme du reste nous l’avons dit déjà) n’appartiennent pas à la substance elle-même, mais seulement et toujours aux modes de la substance ; par conséquent, si je veux diviser l’eau, je ne divise que le mode de la substance et non la substance même, laquelle reste toujours la même, qu’elle soit modifiée en eau ou en autre chose. La division et par suite la passivité n’appartiennent donc qu’au mode : par exemple, lorsque nous disons que l’homme passe ou est anéanti, nous l’entendons seulement de l’homme, en tant qu’il est telle combinaison déterminée et tel mode déterminé de la substance ; mais nous n’entendons pas parler de la substance elle-même de laquelle il dépend.

De plus, nous avons déjà affirmé, comme nous le