II. À posteriori.
Si l’homme a l’idée de Dieu, Dieu doit exister formellement. Or l’homme a l’idée de Dieu. Donc[1] —
Nous démontrons la majeure de cette manière : Si l’idée de Dieu existe, sa cause doit exister formellement, et il faut qu’elle contienne en soi tout ce que cette idée contient objectivement. Mais l’idée de Dieu existe. Donc —
Quant à la majeure de ce dernier syllogisme, il faut, pour la démontrer, poser les règles suivantes :
1o Les choses connaissables sont en nombre infini.
2o Un entendement fini ne peut comprendre l’infini.
3o Un entendement, fini en lui-même, ne peut rien connaître sans être déterminé par une cause extérieure, parce que, n’ayant pas la puissance de tout
- ↑ De la définition de Dieu que nous donnerons dans le chapitre suivant, à savoir que Dieu a des attributs infinis, nous pouvons tirer la preuve de son existence de la manière suivante :
Tout ce que nous voyons clairement et distinctement appartenir à la nature d’une chose peut être affirmé avec vérité de la chose elle-même.
Or, à la nature d’un être qui a des attributs infinis, appartient aussi un attribut qui est son « être ». Donc, —
Maintenant il serait faux de dire que cela n’est vrai que de l’idée de la chose, mais non pas de la chose elle-même, car l’idée de la propriété qui appartient à cet être n’existe pas matériellement ; de sorte que ce qui est affirmé ne l’est ni de la chose elle-même, ni de ce qui est affirmé de la chose : si bien qu’entre l’idée et son idéat (ce qui est représenté par l’idée) il y a une grande différence, et c’est pourquoi ce qu’on affirme de la chose on ne l’affirme pas de l’idée, et réciproquement. (MS.)
Le traducteur allemand déclare ici traduire mot à mot sans bien comprendre la suite des idées : nous ne la comprenons pas davantage. Nous inclinons à croire que ces notes ne sont pas de la main de Spinosa, mais peuvent être des explications orales reproduites plus ou moins fidèlement par quelque disciple. (P. J.)