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XLVII
INTRODUCTION

extérieure, celle qui parait la plus contestée, car il nous montre précisément comment les choses peuvent servir les unes aux autres et comment de cette hiérarchie de fins résulte l’ordre universel.

2o Grâce à cette vue nouvelle, les lois morales, qui paraissaient n’être d’abord que des lois partielles et relatives, reprennent une sorte de valeur absolue. Elles sont une des conditions de l’ordre universel.

Or il y a dans l’homme deux lois fondamentales : l’une résultant de son union avec Dieu, l’autre de son union avec les modes de la nature.

De ces deux lois, la première est nécessaire ; l’autre ne l’est pas. L’homme ne peut s’affranchir de son union avec Dieu, il ne peut donc pas s’affranchir des lois qui réglent cette union. La seconde n’est pas nécessaire, car l’homme peut se séparer des autres hommes ; ce dernier trait est caractéristique, et indique dans la doctrine de Spinoza une tendance ascétique et monastique qu’on ne trouve plus dans l’Éthique ; au contraire, dans ce dernier ouvrage, il soutient que ce qu’il y a de plus utile à l’homme, c’est l’homme.

La révélation. — Spinoza se demande ensuite si Dieu peut se faire connaître aux hommes.

Si l’on entend par là la révélation extérieure au moyen de paroles ou d’autres signes sensibles, Spinoza la nie entièrement. En effet, pour comprendre celui qui dirait : Je suis Dieu, il faudrait d’abord avoir l’idée de Dieu. Quant à conclure Dieu d’un fait extérieur, on ne le peut : car comment conclure du fini à l’infini ? Et qui est-ce qui prouverait qu’il n’y a qu’une seule cause et non plusieurs ?

D’un autre côté. Dieu ne peut être conclu de quelque chose de plus clair que lui-même. Il reste donc que Dieu nous soit connu immédiatement (l’argument à priori n’étant que la forme extérieure de cette connaissance).

Le diable. — La question de la connaissance de Dieu nous conduit d’une manière assez inattendue à une