sont, c’est-à-dire conformes à leur propre essence. Si elles s’accordaient avec une autre essence, elles ne seraient plus elles-mêmes, Si tous les hommes étaient semblables à Adam avant le péché, ils seraient Adam. Mais Dieu donne à chaque chose son essence propre, et tout est parfait par rapport à Dieu.
2o Quant à ce qu’on appelle le péché, il n’existe qu’au point de vue de la raison humaine. Une chose est dite bonne quand elle convient au but pour lequel elle est faite, par exemple une horloge pour sonner l’heure. Chaque homme fait donc ce pour quoi il est fait ; et ce n’est que relativement à la société humaine qu’il peut être appelé bon ou mauvais. Le bien et le mal ne sont donc que des modes de la pensée et non des choses réelles.
Spinoza revient encore sur cette question du mal dans le dernier chapitre de la seconde partie, et il se demande si le bien et le mal sont des êtres de raison ou des êtres réels.
Pour Spinoza, ce sont des êtres de raison, c’est-à-dire de pures conceptions de l’esprit. En effet :
1o Le bien n’est qu’une relation. Un homme est dit bon ou mauvais par rapport à un autre homme. Un fruit est dit mauvais, par comparaison avec un autre qui est meilleur. Nous appelons bonne une substance qui convient avec l’idée de cette substance, laquelle n’existe que dans notre esprit.
2o Tout ce qui est dans la nature se compose de choses ou d’actions. Or le bien et le mal ne sont ni des choses ni des actions, il suit que ce ne sont pas des êtres réels, mais des êtres de raison.
Pour prouver que ce ne sont ni des choses ni des actions, Spinoza invoque cet argument un peu subtil : si le bien et le mal, dit-il, étaient des choses et des actions, ils seraient susceptibles de définition. Mais la bonté de Pierre et la perversité de Judas n’ont aucune réalité en dehors de l’essence de Pierre et de l’essence de Judas. Elles ne peuvent donc être définies. Donc elles ne sont rien de réel.
Nous avons retrouvé jusqu’ici toutes les théories