quoiqu’il n’ait pas encore pria tout son essor. La grandeur de la pensée est encore étouffée par les obscurités et les embarras de la démonstration ; elle n’a pas la liberté et l’ampleur qu’elle aura dans l’Éthique, mais elle paraît cependant.
Voici ces quatre propositions :
1o Il n’y a pas de substance finie ; mais toute substance doit être infiniment parfaite en son genre, c’est-à-dire que nulle substance ne peut être plus parfaite dans l’entendement divin qu’elle ne l’est dans la nature.
2o Il n’y a pas deux substances égales.
3o Une substance ne peut en produire une autre.
4o Il n’y a pas de substance dans l’intellect infini de Dieu, autre que celle qui existe formellement dans la nature.
Le premier point est le point fondamental : c’est toute la doctrine ; c’est l’alpha et l’oméga du panthéisme. Si l’on examine le développement que Spinoza donne à ce principe, on sera frappé et de l’audace de la conception et de la faiblesse de la démonstration : il y a disproportion manifeste entre l’assertion et la preuve.
Spinoza se fonde sur ce dilemme : une substance limitée ne le serait que par elle-même ou par autrui ; par elle-même, c’est impossible ; car comment supposer que, pouvant être plus, elle consente à être moins ? d’ailleurs, si elle était limitée par elle-même, c’est qu’elle existerait par elle-même. Or, existant par elle-même, comment pourrait-elle s’être limitée ? Car une substance assez puissante pour se donner l’existence se donnera à plus forte raison toutes les perfections et n’a aucune raison de s’en refuser aucune ni d’en amoindrir aucune. On reconnaîtra encore ici un argument cartésien.
Mais cette première hypothèse est presque inutile à réfuter ; car personne ne la soutient elle pourrait servir à réfuter l’athéisme, mais non à prouver le panthéisme[1].
- ↑ Elle prouve, en effet, que l’être qui existe par lui-même ne peut pas être fini et imparfait (comme la matière des