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DE LA VRAIE LIBERTÉ

ne peut être détruite, si ce n’est par des causes extérieures, il n’est pas possible que cette chose produite puisse périr tant que sa cause interne persiste (d’après la 2e proposition).

5o La cause la plus libre et celle qui répond le mieux à la nature de Dieu, c’est la cause immanente. Car de cette cause l’effet dépend de telle sorte qu’il ne peut sans elle ni exister, ni être compris, ni même (par la 2e et la 3e proposition) être soumis à aucune autre cause ; en outre, l’effet est uni à cette cause de telle sorte qu’elle ne fasse qu’un avec lui.

Voyons maintenant ce qu’on peut conclure des propositions précédentes :

1o L’essence de Dieu étant infinie, il doit avoir (d’après la 1re proposition) une activité infinie, et une négation infinie de toute passion ; et par conséquent, selon que les choses sont unies à Dieu par une plus grande partie de leur essence, elles ont plus d’action et moins de passion ; et elles sont d’autant plus affranchies du changement et de la destruction.

2o Le vrai entendement ne peut périr par lui-même : car (d’après la 2e proposition), il n’a en lui aucune cause par laquelle il puisse se détruire. Et, comme il ne provient pas de causes extérieures, mais de Dieu, il ne peut (d’après la 3e proposition) subir aucune altération du dehors. Enfin, comme Dieu l’a produit immédiatement, et est sa cause immanente, il s’ensuit nécessairement que l’entendement ne peut pas périr, aussi longtemps que sa cause subsiste (d’après la 4e proposition) ; or sa cause étant éternelle, il l’est également.

3o Tous les actes du vrai entendement qui sont unis à lui doivent être estimés par-dessus toutes choses, parce que les produits internes d’une cause interne sont les plus parfaits de tous (d’après la 5e proposition) ; et en outre, ils sont nécessaire-