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XII
INTRODUCTION

trop atténuée par les critiques allemands[1]. Cette esquisse doit être contemporaine de l’étude approfondie que Spinoza avait faite de Descartes et dont le témoignage certain est dans les Principia Renati Cartesii more geometrico demonstrata.

De l’essence de Dieu. — De la question de l’existence de Dieu, Spinoza passe à celle de son essence. Il y a là un défaut de logique évident, que Spinoza a corrigé plus tard dans son Éthique. Comment prouver que Dieu est, sans savoir ce qu’il est ? De qui et de quoi parle-t-on quand on veut prouver que Dieu existe, si l’on ne sait pas d’abord en quoi il consiste ? On ne prouverait alors que l’existence de quelque chose d’inconnu, qui n’est pas plus Dieu que son contraire. Sans doute la détermination des attributs de Dieu peut être postérieure à la preuve de son existence ; mais la définition de Dieu doit être antérieure. Or, cette définition dans le de Deo ne vient qu’après la question de l’existence.

Ce défaut de logique est encore plus visible dans Spinoza qu’il le serait ailleurs, puisqu’il prouve surtout l’existence de Dieu à priori, c’est-à-dire en partant de son essence, laquelle, dit-il, implique l’existence ; c’est donc la théorie de l’essence qui devait être la première ; autrement, comment pourrions-nous savoir si cette essence implique ou n’implique pas l’existence ?

Quoi qu’il en soit, voici la définition de Dieu, suivant Spinoza :

« Dieu est l’être dont on peut affirmer tous les attributs ou une infinité d’attributs, dont chacun est infiniment parfait en son genre. »

Après cette définition, Spinoza établit quatre propositions qui contiennent tout l’édifice de son système : c’est ici que se révèle le penseur original et créateur,

  1. Voir sur cette question les travaux de MM. Sigurt et Avenarius cités dans notre avant-propos, et plus récemment, en Angleterre, de M. Pollok, Notes sur la Philosophie de Spinoza.