du changement que les esprits subissent, laquelle tristesse est causée par l’amour et par l’union que l’âme a avec le corps. C’est ce qu’on peut facilement induire de ce fait, que l’on peut remédier à cette tristesse de deux manières : 1o par le rétablissement des esprits animaux dans leur premier état, c’est-à-dire par la délivrance de la peine ; 2o en persuadant à l’âme par de bonnes raisons de ne plus se préoccuper du corps. L’un de ces remèdes est purement temporel et sujet à rechute ; le second est éternel et inaltérable.
2o La seconde objection est celle-ci :
Puisque nous voyons que l’âme, quoique sans aucune communication avec le corps, peut cependant changer le cours des esprits animaux, pourquoi ne pourrait-elle pas faire qu’un corps en repos commençât à se mouvoir ? et par conséquent pourquoi ne pourrait-elle pas mouvoir, comme elle le voudrait, tous les corps, ayant déjà un mouvement propre ?
Mais si nous nous souvenons de ce que nous avons déjà dit de la chose pensante, il nous sera facile d’écarter cette difficulté. Nous disions en effet que, quoique la nature ait divers attributs, cependant ces attributs ne forment qu’un seul et même être[1], dont
- ↑ Il n’y a aucune difficulté à comprendre qu’un mode, quoique infiniment séparé par sa nature d’un autre mode, puisse agir sur lui car il ne le fait qu’en tant que partie du même tout, puisque l’âme n’a jamais été sans corps, ni le corps sans âme.
En effet, d’après ce qui a été dit précédemment :
1o Il y a un être parfait.
2o II ne peut y avoir deux substances.
3o Aucune substance ne peut commencer.
4o Toute substance est infinie en son espèce.
est écartée par cette nouvelle proportion de repos et de mouvement qui est l’effet du vin, et cède la place à une autre, où l’entendement trouve plus de satisfaction. Mais ce n’est pas là une action immédiate du vin sur l’âme : c’est seulement une action du vin sur les esprits animaux. (MS.)