Page:Spinoza - Court traité sur Dieu, l’homme et la béatitude.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE

que si nous ne trouvons rien autre chose en nous-mêmes que les effets de la chose pensante et de la chose étendue, nous pouvons dire avec confiance qu’il n’y a rien de plus en nous.

Maintenant, pour comprendre clairement les effets de ces deux puissances, nous commencerons par les examiner séparément et ensuite toutes deux ensemble, de même que les effets de l’une et de l’autre.

Si donc nous considérons l’étendue toute seule, nous n’y trouverons rien autre chose que le mouvement et le repos, et tous les effets qui en dérivent ; et ces deux modes[1] sont tels, qu’ils ne peuvent être modifiés que par eux-mêmes. Par exemple, lorsqu’une pierre gît immobile, il est impossible que, par la pensée seule ou tout autre attribut, elle puisse être déplacée ; elle ne le peut être que par le mouvement, c’est-à-dire, si une pierre animée d’un mouvement plus grand que son repos la fait mouvoir ; et de même une pierre en mouvement ne peut s’arrêter que si elle rencontre quelque autre chose ayant un mouvement moindre. D’où il suit qu’aucun mode de pensée ne peut produire dans le corps le repos ou le mouvement.

Cependant, d’après ce que nous savons par notre propre expérience, il peut arriver que le corps, qui a déjà une direction dans un sens, en prenne une autre dans un autre sens : comme, par exemple, lorsque je tends mon bras, je fais en sorte que les esprits, qui avaient leur mouvement propre, en changent pour se diriger[2] de ce côté, ce qui, à la vérité, n’arrive pas

    défaut dans le premier chapitre. Il semble faire allusion à quelque théorie semblable à celle de l’étendue intelligible de Malebranche. (P. J.)

  1. Je dis deux modes, parce que le repos lui-même n’est pas un rien. (MS.)
  2. C’est aussi la doctrine de Descartes, qui admettait que