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INTRODUCTION

sommaire et que Spinoza développait ensuite dans ses entretiens avec ses jeunes élèves.

Ici, le fameux argument ontologique est résume en ces termes : « Tout ce que nous concevons clairement et distinctement appartenir la nature d’une chose lui appartient en effet. — Or l’existence appartient la nature de Dieu. – Donc, etc. » On voit aisément que tout le nœud de l’argument est dans la mineure, car la question est précisément de savoir si l’existence appartient à la nature de Dieu. Descartes donnait des raisons, que Spinoza omet ici. Il est donc probable qu’il les donnait oralement. Au reste, on peut voir dans l’Éthique le développement profond qu’il a donné a cet argument.

Une seconde forme de la preuve à priori se tire de l’éternité des essences. « Les essences des choses sont éternelles et immuables. Or l’existence de Dieu est son essence. Donc, etc. » C’est encore là une forme de l’argument ontologique ; et, comme précédemment, le nœud de la preuve est tout entier dans la mineure, que Spinoza se contente d’affirmer sans la prouver.

Preuve à posteriori. – La preuve que Spinoza appelle à posteriori ne se tire nullement, comme on pourrait le croire, de la nature et de sa contingence : rien de semblable n’est possible pour Spinoza. Cette preuve n’est autre que la preuve propre de Descartes ; elle se tire de l’existence de l’idée de Dieu, laquelle, considérée comme ayant un certain contenu, doit avoir sa cause, et une cause suffisante et adéquate. La cause de l’idée de Dieu, dit Spinoza après Descartes, doit posséder formellement, c’est-à-dire effectivement, ce que l’idée contient objectivement, c’est-à-dire par représentation.

Spinoza donne à cette preuve, empruntée à Descartes, un développement qui lui est personnel ; mais il y a apparence que le texte que nous avons sous les yeux est ou altéré, ou mutilé, ou inachevé ; car il y a beaucoup d’obscurité dans le détail de la preuve. Ce qui en ressort de plus général, c’est la pensée suivante : à savoir que, sans l’existence de Dieu, non-seulement