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DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE

senti ou affirmé être bon, de telle sorte que la volonté peut bien exister sans désir, mais non le désir sans la volonté.

Donc toutes les actions dont nous avons parlé, en tant qu’elles sont accomplies par la raison sous la forme du bien, ou rejetées par elle sous la forme du mal, ne peuvent être rangées que dans les inclinations de l’âme que l’on nomme désirs, et non sous la catégorie et le nom de volonté.




CHAPITRE XVII


DE LA DIFFÉRENCE ENTRE LA VOLONTÉ ET LE DÉSIR.


Puisqu’il est évident que nous n’avons aucun libre arbitre pour l’affirmation et la négation, nous avons maintenant à chercher la vraie différence entre la volonté et le désir, en un mot à déterminer ce qui est, à proprement parler, la volonté (en latin voluntas).

D’après la définition d’Aristote, le désir (appétit) semble être un genre qui comprend deux espèces : car il dit que la volonté est l’inclination que les hommes ont pour le bien ou l’apparence du bien : d’où il suit, à ce qu’il me semble, qu’il range sous le nom d’appétits toutes les inclinations, tout aussi bien les bonnes que les mauvaises ; mais quand l’inclination a le bien pour objet, ou que celui qui en est possédé est trompé par l’apparence du bien, c’est alors ce qu’il nomme voluntas ou bonne volonté. Si au contraire elle est mauvaise (comme lorsque