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DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE

nous affirmons ou nions quelque chose, nous le faisons sans y être contraints par aucune cause externe. Nous avons déjà démontré que la chose, qui n’est pas conçue par elle-même, dont l’essence n’enveloppe pas l’existence, doit avoir nécessairement une cause externe, et qu’une cause qui doit produire quelque action, la produit d’une manière nécessaire. Il s’ensuit évidemment que la puissance de vouloir ceci ou cela, d’affirmer ceci ou cela, qu’une telle puissance, dis-je, doit venir d’une cause extérieure[1], et d’après la définition que nous avons donnée de la cause, qu’une telle cause ne peut être libre.

  1. Il est certain que la volonté particulière doit avoir une cause externe, par laquelle elle est ; car l’existence n’appartenant pas à son essence, elle doit nécessairement être par l’existence d’une autre. Si l’on dit que la cause de cette volition n’est pas une idée, mais la volonté elle-même, et qu’elle ne saurait exister sans l’entendement, que la volonté par conséquent, prise en soi d’une manière indéterminée, de même que l’entendement, ne sont pas des êtres de raison, mais des êtres réels, je réponds qu’en ce qui me concerne, si je considère attentivement ces objets, je n’y vois que des concepts universels, et je ne puis leur attribuer aucune réalité. Accordons cependant ce qu’on nous demande, on devra toujours avouer que la volition est une modification de la volonté, comme les idées sont des modes de l’intelligence : donc l’intelligence et la volonté sont des substances distinctes et diffèrent l’une de l’autre réellement, car c’est la substance, non le mode, qui est modifiée. Si maintenant on admet que l'âme dirige l’une et l’autre substance, il y aura donc une troisième substance : toutes choses si confuses qu’il est impossible de s’en faire une idée distincte. Car, comme les idées ne sont pas dans la volonté, mais dans l’entendement, suivant cette règle que le mode d’une substance ne peut passer dans une autre, l’amour ne pourra pas naître dans la volonté, puisqu’il implique contradiction de vouloir quelque chose dont l’idée n’est pas dans la puissance voulante elle-même.

    Dira-t-on que la volonté, par son union avec l’intelligence, peut percevoir ce que l’entendement conçoit, et par conséquent l’aimer ? nous répondons que percevoir est encore un mode de l’intelligence et ne peut par conséquent être dans