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DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE

même à l’anéantissement) que nous éprouvons la haine et la tristesse après le changement de l’objet aimé, la haine lorsque quelqu’un nous l’enlève, la tristesse lorsque nous le perdons. Si au contraire l’homme arrive à aimer Dieu, qui est et demeure éternellement inaltérable, il lui devient alors impossible de tomber dans cette fange des passions : car nous avons établi comme une règle fixe et inébranlable que Dieu est la première et unique cause de tout notre bien et le libérateur de tous nos maux.

Enfin il est encore à remarquer que seul l’amour est infini, c’est-à-dire que plus il s’accroît, plus nous sommes parfaits, puisque, son objet étant infini, il peut toujours grandir, ce qui ne se rencontre dans aucune autre chose ; et c’est ce qui nous servira plus tard (dans notre 23e chapitre) à prouver l’immortalité de l’âme, et nous expliquerons de quelle nature elle peut être.

Maintenant, après avoir parlé de tout ce qui concerne les effets de la troisième espèce de connaissance, à savoir la vraie foi, nous passerons aux effets du quatrième et dernier mode, dont nous n’avons pas encore parlé.




CHAPITRE XV


DU VRAI ET DU FAUX.


Pour bien comprendre comment le quatrième degré de la connaissance nous fait connaître le vrai et le