Page:Spinoza - Court traité sur Dieu, l’homme et la béatitude.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
IX
INTRODUCTION

tence de Dieu (chap. I) ; 2° de l’essence de Dieu (chap. II) : Quod Deus sit ; — Quid Deus sit.

On remarquera tout d’abord ici une première différence avec l’Éthique. Dans le de Deo, la forme géométrique est entièrement absente. Point de définition ; point d’axiomes ; point de théorèmes. La forme est syllogistique, non géométrique. C’est seulement dans l’Appendice, qui est évidemment d’un autre temps et contemporain des lettres à Oldenburg[1], que l’on commence à voir paraître des axiomes, des propositions avec démonstration d’apparence géométrique. De cette première observation, nous pouvons tirer déjà une conclusion. On a dit que le système de Spinoza était tout entier dans sa méthode : mais ici nous avons le système sans la méthode : l’un est donc indépendant de l’autre.

Une seconde différence entre les deux ouvrages, c’est qu’au lieu de commencer par une théorie métaphysique de la substance, comme dans l’Éthique, Spinoza commence, comme saint Thomas, par les preuves de l’existence de Dieu. Ici encore, il y a lieu de rectifier l’opinion commune. On a dit que tout le spinozisme est sorti de la définition cartésienne de la substance. Cependant, ici, la définition en question fait défaut ; et le spinozisme existe déjà tout entier.

Le spinozisme ne tient donc ni à telle définition, ni à telle méthode : il a été conçu, comme tous les systèmes, d’un seul jet et à priori ; et Spinoza en a cherché ensuite la démonstration.

Existence de Dieu. — Spinoza en donne deux preuves : l’une à priori ; l’autre à posteriori.

À priori. Cette preuve n’est autre chose que la célèbre preuve de saint Anselme, reprise et renouvelée par Descartes. Spinoza la résume sous la forme la plus succincte. Tout porte en effet à croire que l’ouvrage que nous avons entre les mains était une sorte de manuel où les principes étaient ramenés à leur forme la plus

  1. Ces premières lettres à Oldenburg sont de 1661. Elles nous font assister à la rédaction de l’Éthique.