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DIEU, L’HOMME ET LA BÉATITUDE

quelle foi naît ou bien du ouï-dire ou bien de l’expérience ; 2o par la vraie foi ; 3o par une connaissance claire et distincte.

Le premier mode de connaissance est communément sujet à l’erreur. Le second et le troisième, quoique distincts entre eux, ne peuvent nous tromper.

Cependant, pour faire comprendre clairement tout cela, donnons un exemple, tiré de la règle de trois.

1o Quelqu’un sait par ouï-dire, et seulement par ouï-dire, que, dans la règle de trois, le second nombre est multiplié par le troisième et divisé par le premier ; on trouve par là un quatrième nombre, qui est au troisième comme le second est au premier. Et, quoique celui qui lui a appris cette règle ait pu le tromper, cependant il a conduit son travail conformément à cette méthode, n’ayant pas d’ailleurs de cette règle de trois une autre connaissance qu’un aveugle des couleurs ; et tout ce qu’il en dit n’est autre chose que psittacisme[1], ou parole de perroquet.

2o Un autre, d’un esprit plus vif, ne se contente pas du ouï-dire, mais il fait la preuve dans quelques cas particuliers, et, voyant que cela est vrai, il y donne son assentiment ; cependant c’est avec raison que nous avons dit que ce mode de connaissance est encore sujet à l’erreur, car comment peut-on être certain qu’une expérience particulière fournisse une règle absolue pour tous les cas ?

3o Un troisième ne se contente ni du ouï-dire, qui peut être faux, ni de l’expérience particulière, qui ne

    réalité. Le traducteur allemand suppose que le texte hollandais est ici une traduction inexacte du texte latin primitif que nous n’avons pas. (P. J.)

  1. C’est l’expression de Leibniz : le texte hollandais porte geklapt als een papegaay. (P. J.)