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ÉTHIQUE

dement de Dieu donc, en tant qu’il est conçu comme constituant l’essence de Dieu, est réellement la cause des choses, aussi bien de leur essence que de leur existence ; cela paraît avoir été aperçu par ceux qui ont affirmé que l’entendement de Dieu, sa volonté et sa puissance ne sont qu’une seule et même chose. Puis donc que l’entendement de Dieu est l’unique cause des choses, c’est-à-dire (comme nous l’avons montré) aussi bien de leur essence que de leur existence, il doit nécessairement différer d’elles tant à l’égard de l’essence qu’à l’égard de l’existence. Le causé, en effet, diffère de sa cause précisément en ce qu’il tient de sa cause. Par exemple, un homme est cause de l’existence mais non de l’essence d’un autre homme, car cette essence est une vérité éternelle ; par suite, ils peuvent convenir entièrement quant à l’essence, mais ils doivent différer eu égard à l’existence ; pour cette raison, si l’existence de l’un vient à périr, celle de l’autre ne périra pas pour cela ; mais, si l’essence de l’un pouvait être détruite et devenir fausse, celle de l’autre serait aussi fausse. Par suite, une chose qui est