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éthique

Proposition XLIII, Scolie. — Rapprocher de ce texte le Court Traité (II, chap. xv) et la Réforme de l’Entendement (§ 27).


Proposition XLIV, Corollaire II. — Dans cet énoncé célèbre et dans la démonstration qui suit, je n’ai pas cru devoir reproduire pour les mots sub quadam æternitatis specie la traduction ordinairement admise : « sous une certaine forme ou sous un certain aspect d’éternité ». Le mot species a deux sens dans Spinoza : tantôt il désigne l’apparence fausse, par exemple dans la quatrième partie (chap. xvi) ; tantôt il signifie espèce (par opposition à genre) comme dans la troisième partie (Prop. 30, Scolie, ou l’énoncé de la Prop. 56). C’est manifestement dans ce deuxième sens que Spinoza emploie le mot dans le Scolie de la proposition 45 (p. 224) qu’il faut rapprocher du présent Corollaire pour le comprendre. Sub specie æternitatis, s’oppose à sub duratione que Spinoza emploie dans la cinquième Partie (Scolie de la proposition 23). L’existence des choses peut être conçue abstraitement, c’est-à-dire en dehors de toute relation avec leur essence ; en pareil cas, elles ont dans la durée une place déterminée par leurs rapports avec d’autres choses. Si on les considère en elles-mêmes, on trouve que leur essence enveloppe dans l’éternité non l’existence absolue (cela n’est vrai que de Dieu), mais une certaine force limitée d’exister, qui pose leur existence dans la durée quand les conditions requises sont remplies ; en d’autres termes, l’essence de Dieu est d’exister absolument, c’est pourquoi il est éternel ; l’essence d’une chose particulière est d’exister en même temps que d’autres ou après d’autres ; il n’en est pas moins éternellement nécessaire que cette chose soit par cela seul qu’elle a une essence ; elle a donc une sorte ou espèce d’éternité.


Proposition XLV, Scolie. — Considérer la durée comme une sorte particulière de quantité et la définir ou mesurer par le temps, ce n’est pas, qu’on l’observe, la seule ni même la plus vraie façon de la considérer ; c’est l’imaginer, non la concevoir par l’entendement. Cf. Lettre 12.


Proposition XLVII, Scolie. — On voit clairement par ce Scolie que l’erreur provient toujours de ce que l’on croit penser alors qu’on ne pense pas ; en elle-même la pensée est évidemment toujours productrice de vérité dans la philosophie de Spinoza. Cf. Réforme de l’Entendement (§ 27 et § 47) et voir les notes explicatives correspondantes (vol. I, p. 538 et 540).


Propositions XLVIII et XLIX. — a) Dans ces propositions, les deux dernières de la deuxième Partie, il est établi que