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notes

Propositions XXX à XXXV. — Dans cette section sont établies les vérités relatives à l’entendement et à la volonté pris en eux-mêmes, c’est-à-dire à l’action de connaître ou de concevoir, de former des idées, et à l’action d’affirmer ou de poser. Spinoza, dans la deuxième Partie, démontre que dans l’homme la volonté est identique à l’entendement (Coroll. de la Prop. 49). En Dieu cela résulte immédiatement de ce que l’essence est identique à l’existence. Toute idée se pose dans l’éternité et pose son objet nécessairement ; rien n’est en puissance, ce qui n’exclut nullement que dans la durée il n’y ait du changement, un progrès sans fin (Spinoza use du terme progressus Naturæ dans la Lettre 12). Un débat s’est élevé au sujet du sens du mot voluntas dans Spinoza. Dans certains passages il entendrait par volonté l’action d’affirmer (comme Descartes) ; dans d’autres, le désir, lequel peut être une passion. J’aurai l’occasion de revenir sur ce point ; il suffit ici de faire observer qu’en Dieu ou dans la Nature prise dans sa totalité, la question ne se pose pas, car on ne peut concevoir aucune passion en Dieu, aucun désir qui ne se confonde avec son activité ou sa productivité infinie (voir ci-dessus, p. 664, la note relative à la Prop. XVII, à ses corollaires et au Scolie qui leur fait suite).


Proposition XXXIII et Scolies. — Rapprocher de cette Proposition le Court Traité, I, chapitre iv, du Scolie 1, le Court Traité, I, chapitre vi, § 3, et la Proposition 29 ci-dessus, du Scolie 2, le Scolie venant après le Corollaire 2 de la Proposition xvii et la note explicative c s’y rapportant, page 665.


Appendice. — Spinoza achève de justifier sa façon de concevoir Dieu en expliquant les erreurs commises par d’autres à ce sujet. Son Dieu est sans passion, étant sans imperfection ; il est libre et ne poursuit aucune fin ; il n’attend rien de l’homme, ne demande aucun sacrifice ; il n’est pas un Seigneur qui nous commande d’obéir à sa loi. On le sert en étant soi-même le plus qu’on peut, en augmentant l’aptitude de son corps à affecter d’autres corps et à être affecté par eux, en connaissant par leurs causes le plus de choses possible. Dans ce Dieu qui ne veut pas qu’on tremble devant lui, ni qu’on s’étonne de ses œuvres, j’ai peine à reconnaître un « Jéhovah » même très amélioré, comme le fait dans un article récemment paru (Revue de Métaphysique et de Morale, mars 1908) mon regretté maître Brochard.

Page 105, ligne 2, je rends par complexion, dans ce passage et par la suite, le latin ingenium, sauf quand ce mot latin signifie visiblement autre chose, par exemple page 110, ligne 1, où j’emploie le mot talent. Je prends le mot de complexion dans le sens