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notes

duit pas les choses parce qu’il les a conçues et ne les conçoit pas parce qu’il les a produites ; conception et production c’est tout un en lui.

c) Page 63, ligne 17 : un Dieu indifférent. Dans le Scolie 2 de la Proposition 33, Spinoza reviendra sur cette notion (cartésienne) d’un Dieu indifférent et fera observer qu’elle diffère moins de la sienne que celle d’un Dieu agissant en vue du bien, sub ratione boni. Au jugement de Spinoza, les finalistes détruisent entièrement la liberté de Dieu ; Descartes est seulement inconséquent dans sa façon de la concevoir. Dieu ne choisit pas, tout choix supposant quelque imperfection dans les choses parmi lesquelles on choisit. On peut concevoir qu’aux heures d’inspiration, tout au moins, un artiste vraiment créateur ne poursuive aucune fin et ne choisisse plus, mais produise librement, c’est-à-dire en vertu d’une nécessité intérieure de produire.

c) Page 65, lignes 16 et 17 : L’entendement divin et l’humain se ressemblent comme le chien signe céleste et le chien animal aboyant. Cf. Pensées métaphysiques, II, chap. xi.


Proposition XVIII. — Sur le concept de cause immanente, cf. Heereboord, Meletemata, p. 266.


Propositions XIX à XXIX. — Dans cette section de l’Éthique est posé d’abord le principe de l’éternité de Dieu considéré sous chacun de ses attributs ; ensuite sont exposées les conséquences qu’entraîne ce principe relativement aux modes.


Propositions XXI, XXII, XXIII. — a) L’éternité de Dieu ou des attributs de Dieu, a pour première conséquence la continuation indéfinie de l’existence de certains modes, à savoir : de ceux qui, tel l’entendement infini ou encore le mouvement et le repos, suivent immédiatement de la nature de Dieu considérée sous l’un de ses attributs. Bien que Spinoza, dans l’énoncé de cette Proposition et aussi vers la fin de la démonstration, se serve du mot éternel, il vaut mieux dire, ce me semble, que les modes infinis existent toujours que non pas qu’ils sont éternels ; l’éternité de l’existence n’appartient proprement qu’à la substance et aux attributs, dont l’essence et l’existence se confondent ; l’essence des modes infinis n’enveloppe pas l’existence (Prop. 24), et cette existence n’est par conséquent pas éternelle au même titre que celle de la substance ; elle est sans commencement ni fin. On observera que, dans les Propositions 22 et 23, le mot éternel ne figure plus. Cf. Pensées métaphysiques, II, chap. i.

b) Sur les modes infinis (appelés souvent éternels bien qu’avec