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DE LA LIBERTÉ DE L’HOMME

dont des idées adéquates constituent la plus grande partie, de façon que, tout en n’ayant pas moins d’idées inadéquates que la première, elle ait sa marque distinctive plutôt dans des idées adéquates manifestant la vertu de l’homme, que dans des idées inadéquates témoignant de son impuissance. Il faut noter, de plus, que les chagrins et les infortunes tirent leur principale origine d’un Amour excessif pour une chose soumise à de nombreux changements et que nous ne pouvons posséder entièrement. Nul en effet n’a de tourment ou d’anxiété qu’au sujet de ce qu’il aime ; et les offenses, les soupçons ou les inimitiés ne naissent que de l’Amour pour les choses dont personne ne peut réellement avoir la possession complète. Nous concevons facilement par là ce que peut sur les affections la connaissance claire et distincte, et principalement ce troisième genre de connaissance (voir à son sujet le Scolie de la Prop. 47, p. II) dont le principe est la connaissance même de Dieu ; si en effet les affections, en tant qu’elles sont des passions, ne sont point par là absolument ôtées (voir Prop. 3 avec le Scolie de la Prop. 4), il arrive du moins qu’elles constituent la moindre partie