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ÉTHIQUE

absurde de supposer que la substance corporelle est composée de corps ou de parties, que de supposer le corps formé de surfaces, la surface de lignes, la ligne, enfin, de points. Et cela, tous ceux qui savent qu’une raison claire est infaillible, doivent le reconnaître, et en premier lieu ceux qui nient qu’un vide soit donné. Car si la substance corporelle pouvait être divisée de telle sorte que ses parties fussent réellement distinctes, pourquoi une partie ne pourrait-elle pas être anéantie, les autres conservant entre elles les même connexions qu’auparavant ? Et pourquoi doivent-elles toutes convenir entre elles de façon qu’il n’y ait pas de vide ? Certes si des choses sont réellement distinctes les unes des autres, l’une peut exister et conserver son état sans l’autre. Puis donc qu’il n’y a pas de vide dans la Nature (nous nous sommes expliqués ailleurs là-dessus) mais que toutes les parties doivent convenir entre elles de façon qu’il n’y en ait pas, il suit de là qu’elles ne peuvent se distinguer réellement, c’est-à-dire que la substance corporelle, en tant qu’elle est substance, ne peut pas être divisée. Si cependant l’on demande pour-