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notice sur l’éthique

même temps, nous permet de juger de ce que furent ses premiers essais en ce genre[1].

Ce mode d’exposition est aussi, rappelons-le, celui des Principes de la Philosophie de Descartes[2], et Descartes lui-même en avait usé dans les Réponses aux deuxièmes objections (Raisons, etc.)

Pour des raisons qui apparaissent clairement à tous les lecteurs attentifs du Traité de la Réforme de l’Entendement[3] et de l’Éthique elle-même, l’ordre géométrique, c’est-à-dire synthétique, ne pouvait manquer d’être tenu par Spinoza pour l’ordre juste et nécessaire, une fois sa pensée arrivée à la pleine possession d’elle-même[4]. À la vérité, il a rendu possibles ainsi bien des méprises.

Le lecteur qui sans préparation ouvre l’Éthique à la première page et se trouve en présence des définitions de la substance, de l’attribut, du mode, puis des axiomes, dont le véritable sens lui échappe, se juge fort loin de toute réalité. Les mots qu’il lit n’éveillent aucune image et presque aucune pensée dans son esprit ; les démonstrations qui suivent, sans qu’il croie possible de les réfuter, ne le touchent guère : Spinoza n’a-t-il point d’avance défini Dieu et l’existence de façon que l’existence de Dieu fût logiquement nécessaire et que toute autre fût impossible ? Est-ce par de tels raisonnements

  1. Voir cet Appendice dans le Ier volume de cette traduction, page 196 ; voir aussi la Notice relative au Court Traité (même vol., p. 14) et les notes explicatives (p. 533). — N. B. : pour les renvois que j’aurais à faire dorénavant à ce volume, je me contenterai de l’indication : vol. I
  2. Vol. I, p. 303.
  3. Vol. I, p. 223.
  4. Lire, à ce sujet, la Préface composée par Louis Meyer des Principes de la Philosophie de Descartes vol. I, p. 292.