Page:Spinoza - Éthique, trad. Appuhn, 1913.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.
55
DE DIEU

suppose cette quantité infinie mesurable et composée de parties finies ; on ne peut donc rien conclure de ces absurdités, sinon qu’une quantité infinie n’est pas mesurable et ne peut se composer de parties finies. Et c’est cela même que nous avons déjà démontré plus haut (Proposition 12, etc.). Le trait qu’ils nous destinent est donc jeté en réalité contre eux-mêmes. S’ils veulent d’ailleurs conclure de l’absurdité de leur propre supposition qu’une substance étendue doit être finie, en vérité ils font tout comme quelqu’un qui, pour avoir forgé un cercle ayant les propriétés du carré, en conclurait qu’un cercle n’a pas un centre d’où toutes les lignes tracées jusqu’à la circonférence sont égales. Car la substance corporelle, qui ne peut être conçue autrement qu’infinie unique et indivisible (Prop. 8, 5 et 12), ils la conçoivent multiple et divisible, pour pouvoir en conclure qu’elle est finie. C’est ainsi que d’autres, après s’être imaginé qu’une ligne est composée de points, savent trouver de nombreux arguments pour montrer qu’une ligne ne peut être divisée à l’infini. Et en effet il n’est pas moins