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ÉTHIQUE

SCOLIE

Ce qu’on appelle la vaine Gloire est un contentement de soi alimenté par la seule opinion de la foule ; cette opinion n’étant plus, le contentement lui-même disparaît, c’est-à-dire (Scolie de la Prop. 52) ce bien suprême aimé de tous ; de là vient que celui qui ne tire de gloire que de l’opinion de la foule, tourmenté d’une crainte quotidienne, s’efforce, s’agite et se donne du mal pour conserver son renom. La foule, en effet, est changeante et inconstante, par suite si le renom n’est pas entretenu, bientôt il s’évanouit ; bien plus, comme tous désirent capter les applaudissements de la foule, chacun rabaisse volontiers le renom d’autrui. Par suite, comme il s’agit d’une lutte pour ce qui est estimé le bien suprême, un furieux appétit prend naissance de s’humilier les uns les autres, et qui, enfin, obtient la victoire, est plus glorieux d’avoir nui à autrui que de s’être bien servi lui-même. Cette Gloire ou ce contentement est vraiment une vanité, car elle n’est rien.