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ÉTHIQUE

à celles dont nous nous étonnons, que nous aimons, craignons, etc., et nous sommes ainsi déterminés (Prop. 15 avec son Coroll. et Prop. 27) à nous étonner de cette chose, à l’aimer, la craindre ; mais, si par sa présence ou sa considération plus attentive nous sommes contraints de nier d’elle tout ce qui peut être cause d’Étonnement, d’Amour, de Crainte, etc., alors l’Âme demeure déterminée par la présence même de la chose à penser à ce qui n’est pas dans l’objet plutôt qu’à ce qui s’y trouve, tandis qu’au contraire la présence d’un objet fait penser d’ordinaire principalement à ce qui s’y trouve. De même, maintenant que la Ferveur naît de l’Étonnement causé par une chose que nous aimons, la Dérision naît du Mépris de la chose que nous haïssons ou craignons, et le Dédain du Mépris de la Sottise, comme la Vénération, naît de l’Étonnement, de la Prudence. Nous pouvons enfin concevoir l’Amour, l’Espoir, la Gloire et d’autres Affections se joignant au Mépris et déduire encore de là de nouvelles Affections que nous n’avons accoutumé de distinguer des autres par aucun vocable.