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DE LA NATURE ET DE L’ORIGINE DE L’ÂME

qui est dans un autre homme, disons Paul. La première en effet exprime directement l’essence du Corps de Pierre, et elle n’enveloppe l’existence qu’aussi longtemps que Pierre existe ; la seconde indique plutôt l’état du Corps de Paul que la nature de Pierre, et, par suite, tant que dure cet état du Corps de Paul, l’Âme de Paul considère Pierre comme s’il lui était présent, même s’il n’existe plus. Pour employer maintenant les mots en usage, nous appellerons images des choses les affections du Corps humain dont les idées nous représentent les choses extérieures comme nous étant présentes, même si elles ne reproduisent pas les figures des choses. Et, quand, l’Âme contemple les corps en cette condition, nous dirons qu’elle imagine. Et ici, pour commencer d’indiquer ce qu’est l’erreur, je voudrais faire observer que les imaginations de l’Âme considérées en elles-mêmes ne contiennent aucune erreur ; autrement dit, que l’Âme n’est pas dans l’erreur, parce qu’elle imagine ; mais elle est dans l’erreur, en tant qu’elle est considérée comme privée d’une idée qui exclue l’existence de ces choses qu’elle imagine comme lui étant présentes. Si