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NOTICE SUR L’ÉTHIQUE.

appris de personnes dignes de foi qui me prévenaient en même temps des manœuvres insidieuses des théologiens contre moi, j’ai résolu de surseoir à la publication que je préparais, jusqu’à ce que la situation fût plus claire, mais elle semble empirer tous les jours, et je suis incertain de ce que je ferai. » En fin de compte l’ouvrage resta inédit jusqu’après la mort de Spinoza, survenue le 21 février 1677[1]. On ne peut être surpris qu’affaibli comme il l’était par la maladie, en butte aux attaques d’un parti nombreux et devenu tout-puissant par la révolution de 1672, Spinoza ait préféré renoncer à la publication de l’Éthique de son vivant. Il était permis à ce sage qui avait déjà entrepris d’autres travaux, le Traité Politique en particulier, de vouloir jouir d’un peu de tranquillité dans la dernière année de sa vie, et le désir d’accroître le bruit fait autour de son nom ne pouvait certes trouver place dans son âme épurée. Il se contenta de prendre des dispositions pour qu’après sa mort ses manuscrits fussent remis aux mains de son ami et éditeur Jan Rieuwertsz[2].

  1. Telle est la date exacte d’après les documents officiels et aussi d’après Schuller qui, appelé comme médecin, fut seul présent à la mort de Spinoza. Colerus, dans son récit, indique le 23 et commet d’autres inexactitudes plus graves. D’après lui, c’est Louis Meyer qui aurait assisté Spinoza à ses derniers instants, et il se serait rendu, à cette occasion, coupable d’un vol. M. W. Meijer (Navorscher, octobre 1897) a rétabli la vérité. Voir, outre son étude sur ce point, les lettres écrites par Schuller dans L. Stein, Leibniz und Spinoza (le livre de Freudenthal, Die Lebensgeschichte Spinoza’s, reproduit les fragments intéressants de ces lettres). Sur les autres légendes mensongères relatives à la mort de Spinoza, voir Freudenthal, Spinoza sein Leben und seine Lehre (p. 305).
  2. Sur Rieuwerts, voir vol. I, p. 1.