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En cherchant à étudier l’origine de quelques-uns de ces cas de tuberculose, nous avons reconnu que plusieurs d’entre eux avaient été importés du dehors par des jeunes gens qui avaient quitté la localité en bonne santé et avaient contracté des tubercules soit au régiment, soit en ville. Ces malades ont constitué de petits foyers isolés qui se sont étendus et ont donné lieu à de nouveaux cas de transmission.

Il est évident que l’alimentation défectueuse, souvent insuffisante, l’air vicié et l’alcoolisme jouent un grand rôle dans le développement de la tuberculose.

Nous nous demandons enfin si la tuberculose si fréquente et si répandue des bêtes à cornes n’entre pas dans une certaine part dans la production des cas de tuberculose observés dans les fermes isolées de la montagne. Ce sont là des questions de détail et de statistique qu’il serait fort intéressant d’étudier et que les médecins qui habitent sur place peuvent seuls résoudre.

Nous avons déjà insisté sur l’abus des boissons alcooliques qui provoque l’abrutissement d’une partie de la population, à tel point que, d’après la statistique, le département des Vosges est, de toute la France, celui qui fournit le plus de cas d’aliénation mentale dus à l’alcoolisme. Mais on ne saurait nier, et ce point nous intéresse particulièrement ici, l’influence évidente et souvent terrible des abus alcooliques sur le développement de la tuberculose.

En résumé :

1o Les conditions hygiéniques dans lesquelles sont établies la plupart des maisons des habitants des Hautes-Vosges sont déplorables.

2o Les étables manquent d’espace, d’air et de lumière.

3o Il y aurait lieu d’éclairer les fermiers sur la contagiosité des maladies dont sont atteints leurs bestiaux.

4o Pour diminuer les progrès de l’alcoolisme, il serait bon de réprimer énergiquement l’ivresse et d’abroger la loi de 1873 qui a établi la liberté des cabarets.

5o Pour éviter la transmission de la tuberculose par la viande, ou tout au moins la vente de la viande provenant d’animaux tuberculeux, il faudrait exiger un certificat d’origine ou la présence des organes. Enfin, comme moyen extrême, on pourrait ordonner la destruction des animaux reconnus infectés.



Nancy, imprimerie Berger-Levrault et Cie.