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Il y aurait deux moyens d’obvier à un abus aussi grave. Le premier consisterait à exiger un certificat d’origine, signé par un homme compétent. Le second, d’une application pratique plus difficile, consisterait à exiger la présence des organes. La question nous paraît assez importante pour qu’elle soit prise en sérieuse considération.

Il y aurait encore un autre moyen plus radical ; ce serait la destruction immédiate de toute bête reconnue atteinte de tuberculose généralisée. Quand il s’agit de combattre l’extension d’une maladie qui, au commencement de ce siècle, entrait pour un dixième dans les causes de mortalité, et qui aujourd’hui y entre pour un cinquième de la totalité des décès, on ne saurait être trop sévère. On exige bien la destruction des animaux charbonneux et l’on ne prendrait aucune mesure pour se défendre de la tuberculose qui décime nos populations !


Mortalité.


En général, on ne vit pas vieux dans la montagne ; un travail fatigant, dur, pénible, une mauvaise hygiène, usent vite les constitutions les plus robustes.

À Gérardmer, dont la population est d’environ 7 000 âmes, il meurt, en moyenne, 190 personnes dans une année ; cela fait une mortalité de 28 p. 1 000. Sur ces 190 décès, il y en a plus de 30 qui sont dus à des affections aiguës des voies respiratoires : pneumonies, bronchites, pleurésies. Ce fait s’explique par les transitions brusques de température ; les habitants, enfermés dans une atmosphère surchauffée et malsaine, doivent subir très facilement l’influence du froid.

Mais le point le plus intéressant est celui qui concerne la fréquence de la tuberculose. Sur 190 décès, il y a près de 40 tuberculeux. Cela fait plus d’un cinquième de la totalité des décès[1]. Quant à la scrofule, elle est relativement assez rare.

Ainsi donc, voilà un pays admirablement situé, et dont les habitants sont exposés à la tuberculose autant, sinon plus, que dans des centres urbains contaminés.

  1. M. le Dr Greuell me fait remarquer que la proportion de tuberculeux signalée dans ce travail est exagérée. Cela tient à la manière défectueuse dont la statistique est établie à la mairie de Gérardmer. Il pense que le chiffre de 11 p. 100 est à peu près exact, chiffre du reste encore assez élevé, vu la salubrité du climat et l’altitude du pays. L’hérédité jouerait le plus grand rôle dans la propagation de la tuberculose : les mariages consanguins sont, en effet, très fréquents à Gérardmer.