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Les étables sont tellement basses qu’on ne peut s’y tenir debout ; elles ont tout au plus 70 à 80 centimètres de hauteur. Les bêtes sont si rapprochées les unes des autres, qu’il leur reste au plus un espace de 60 centimètres pour se mouvoir. Toujours attachées, elles ont tout juste assez de liberté pour prendre leur nourriture et se coucher. L’urine s’écoule sur un plancher en bois et s’infiltre dans le sol. De fenêtre, il n’y en a point. Un méchant petit carreau, hermétiquement fermé, donne un peu de jour à ce sombre réduit. À la partie supérieure de l’étable se trouvent, de distance en distance, de petits conduits en grès, d’un très faible diamètre, qui traversent la muraille ; c’est la seule bouche de ventilation.

Les paysans auxquels nous faisions observer que leurs bestiaux n’avaient ni air, ni lumière, nous répondirent que le bétail avait besoin de chaleur et d’obscurité pour fournir beaucoup de lait ; l’obscurité, nous disaient-ils, favorise l’immobilité ; les bêtes sont tranquilles et c’est là une condition essentielle quand on veut obtenir une grande quantité de lait. On voit par là que la stabulation est complète.

Les vaches ainsi stabulées ne tardent pas à engraisser, et au bout de deux ans, trois ans au plus, elles sont vendues pour la boucherie. Mais beaucoup d’entre elles deviennent tousseuses et phtisiques. Le nombre des vaches tuberculeuses est considérable dans la montagne, et tout porte à croire que c’est dans le pays même qu’elles contractent la maladie. Il est, en effet, fort rare qu’on fasse reprendre au vendeur une génisse nouvellement achetée et atteinte de l’affection qui est rédhibitoire. Du reste, on élève fort peu dans la montagne ; presque tout le bétail vient du Doubs, du Jura, etc.

La phtisie est si fréquente, qu’on nous a montré des étables où il y avait eu plus de dix vaches tuberculeuses en quatre ans. Dans certaines étables même, toutes les vaches deviennent tuberculeuses dans un temps donné.

Quelle est l’origine de cette tuberculose ? Les mauvaises conditions hygiéniques que nous venons d’indiquer, jouent évidemment un grand rôle dans le développement de la phtisie. Mais la contagion ne joue-t-elle pas un rôle plus important ? On ne prend, en effet, aucune précaution après le départ d’une vache phtisique. On ne lave, ni on ne nettoie la place qu’elle occupait, la crèche dans laquelle elle mangeait, le baquet où elle s’abreu-