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au milieu d’un air surchauffé, infecté par les fermentations du fromage ou saturé par les poussières du métier à tisser.

Dans les maisons aisées, on trouve d’ordinaire une ou deux autres pièces au rez-de-chaussée, parfois même à l’étage supérieur. Les autres parties de la demeure sont affectées à la grange et à l’étable, sur laquelle nous aurons à revenir, en détail, à propos du lait.

Il est juste d’ajouter que l’architecture rurale a fait de grands progrès depuis une quarantaine d’années, et que les fermes nouvellement construites sont mieux aménagées.

Depuis la publication de ce travail, mon excellent confrère, M. le Dr Greuell, directeur de l’établissement hydrothérapique de Gérardmer, a bien voulu me faire parvenir quelques réflexions fort judicieuses, dont je m’empresse de tenir compte.

« Nos montagnards, dit-il, ont une hygiène abominable : mais s’ils ne l’ont pas améliorée encore, ce n’est pas faute de le leur avoir maintes fois répété. Ils jouissent de l’air le plus pur qu’il soit possible de désirer, et ils font tout ce qu’ils peuvent pour en laisser pénétrer le moins possible dans leurs habitations. Vous avez remarqué que les fenêtres n’ont généralement qu’un petit carreau mobile ; mais souvent encore cette unique ouverture est rendue inutile par l’adjonction d’une double fenêtre, qui est absolument d’une seule pièce et inamovible.

« Les habitants vivent donc, nuit et jour, dans des chambres basses où l’on fait la cuisine, et dont l’air ne se renouvelle même pas par le tirage de la cheminée, puisque le fourneau du poële[1] est chauffé par la cuisine. Dans ces mêmes pièces, le fromage en fermentation répand des effluves bien désagréables pour un odorat non acclimaté. Les montagnards n’en sont point incommodés, mais n’est-il pas juste de penser que leurs organes respiratoires ne reçoivent pas toujours impunément l’assaut des milliards de bactéries qui encombrent l’air qu’ils respirent pendant les longs mois d’hiver ? »


Alimentation.


L’alimentation des habitants de la montagne consiste en pain noir, pommes de terre, fromage et eau-de-vie. Les plus heureux

  1. Poële : chambre principale de la maison.