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CHAPITRE V

DIFFICULTÉS OBJECTIVES

À la suite des travaux considérables qui ont eu pour résultat dans ces dernières années de faire considérer l’histoire primitive comme une série de mythes, à la suite des études qui ont modifié des opinions acceptées jusque-là sans conteste sur certains personnages du passé, on a beaucoup parlé du peu de confiance que mérite le témoignage de l’histoire. On admettra donc sans difficulté, que l’incertitude de nos données est un des obstacles qui s’opposent à la généralisation des phénomènes sociologiques. Cette incertitude ne se rencontre pas seulement dans les récits des premiers âges, par exemple dans l’histoire des Amazones, dont la sculpture et la tradition écrite nous ont conservé les usages et les moindres combats, avec autant de détail que s’il se fût agi de personnages et d’événements historiques. Elle se retrouve même dans les descriptions d’un pays connu comme la Nouvelle-Zélande. L’un assure que les Zélandais sont « braves, intelligents et cruels ; » l’autre affirme qu’ils sont « lâches, dépourvus d’intelligence et d’un naturel doux[1]. » Voilà pour les extrêmes. Viennent ensuite une foule d’opinions intermédiaires. On conçoit qu’il n’est pas facile de faire un choix entre tous

  1. Thomson, New Zealand, vol. I, p. 80.