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de l’évolution sociale, et nous sommes résolu à sacrifier les détails et les nuances à la clarté et à la concision. Nous ne saurions poursuivre notre description sans dépasser les limites que nous nous sommes posées. On comprend qu’à moins d’élaborer séance tenante tout un plan de science sociale, nous sommes obligé de nous borner à un exposé sommaire des faits principaux ; nous croyons avoir suffisamment démontré que le développement de l’organisation sociale présente une série de phénomènes parmi lesquels il y en a d’universels, de généraux et de particuliers, exactement comme dans les phénomènes de l’évolution individuelle.

Afin de donner au lecteur une idée à la fois plus large et plus nette de la science sociale, nous allons poser quelques questions qui trouvent ici leur place. Étant donnée une société, quelle sera la relation entre son organisation et son développement ? Jusqu’à quel point l’organisation est-elle nécessaire au développement ? Au delà de quelle limite le retarde-t-elle et à quelle limite l’arrête-t-elle ?

Dans tout organisme individuel, il existe entre le développement et la structure une double relation, dont il serait difficile de donner une définition exacte. Si nous laissons de côté quelques organismes inférieurs placés dans des conditions spéciales, nous pouvons dire qu’un grand développement n’est possible qu’avec une structure perfectionnée. Le règne animal tout entier en est la preuve, depuis le premier jusqu’au dernier de ses types, tant invertébrés que vertébrés. D’un autre côté, chez tous les animaux supérieurs et particulièrement chez ceux qui mènent une vie active, l’achèvement de l’organisation tend fortement à coïncider avec l’arrêt de la croissance. Chez ces animaux, pendant la période de croissance rapide, les organes demeurent imparfaits ; les os restent en partie cartilagineux, les muscles sont mous et la constitution du cerveau non arrêtée ; les détails de la structure ne peuvent se compléter qu’après la croissance terminée. La raison de ces rapports n’est pas difficile à trouver. Pour qu’un animal jeune puisse grandir, il faut qu’il digère, qu’il respire, que son sang circule, qu’il se débarrasse de ses excrétions, etc., ce qui exige déjà un système viscéral, vasculaire, etc., assez complet. Pour qu’il devienne capable de se procurer sa nourriture, il lui faut développer graduel-