la production ; souvent même il est le régulateur du commerce et préside aux échanges. Il est juste d’ajouter que cette dernière fonction est la première qu’il cesse d’exercer personnellement. L’industrie aime l’indépendance et cherche de bonne heure à se soustraire au contrôle du chef, contrôle de plus en plus rigoureux sur tout ce qui touche à la politique et à l’armée. À la suite de la différenciation que nous avons notée entre l’élément régulateur et l’élément opératif, on verra la diversité de ces deux éléments s’accuser de plus en plus par la manière dont ils se comporteront : au sein de l’élément opératif se développeront peu à peu des agents grâce auxquels se coordonneront les opérations relatives à la production, à la distribution et aux échanges, tandis que la coordination de l’autre élément restera dans les conditions primitives.
Le développement général qui met en évidence la séparation accomplie entre l’organisation opérative et l’organisation régulatrice, se continue au sein même de l’organisation régulatrice. Le chef a commencé par être à la fois roi, juge, général et même prêtre ; à mesure que la société grandit et se complique, les fonctions du chef suprême tendent de plus en plus à se spécialiser. Magistrat suprême, il fait rendre la justice par ses mandataires ; chef nominal de l’armée, il délègue le commandement à des subordonnés ; chef du clergé, il se dispense presque entièrement de ses devoirs sacerdotaux ; en théorie, il fait les lois et les applique : en pratique, il laisse ces soins à d’autres. On peut donc dire que de l’agent coordonnateur chargé primitivement de fonctions indivises, peuvent sortir plusieurs agents coordonnateurs qui se partagent les fonctions du premier.
Ces nouveaux agents obéiront à la même loi que celui dont ils sont issus. Simples à l’origine, ils iront toujours en se ramifiant et deviendront une organisation complète, administrative, judiciaire, ecclésiastique ou militaire, qui possédera sa hiérarchie et sa vie propre.
Pour ne pas compliquer la question, nous ne ferons que mentionner les modifications qu’il faut apporter à notre principe dans les cas où le pouvoir suprême ne s’est pas concentré entre les mains d’un seul homme. Ce n’est là d’ailleurs qu’un état très-passager dans les premiers âges