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par son biographe, de même la nation possède à son tour une structure et des fonctions qui lui permettent d’accomplir les actes enregistrés par son historien : dans les deux cas, c’est de la structure et des fonctions, considérées dans leur origine, leur développement et leur déclin, que la science devra s’occuper.

Nous devons ajouter, pour donner plus de justesse à notre comparaison, et mieux faire comprendre la nature de la science sociale, que la morphologie et la physiologie de la société correspondent à la morphologie et à la physiologie générales, plutôt qu’à la morphologie et à la physiologie purement humaines. Les organismes sociaux doivent être, exactement comme les organismes individuels, divisés en classes, subdivisées elles-mêmes en ordres. Il est certain qu’ils n’admettent pas une classification aussi précise et aussi régulière ; mais néanmoins ils présentent des ressemblances et des dissemblances assez marquées pour qu’on ait le droit de les grouper d’après leurs différences principales, et de subdiviser ces groupes d’après les différences moins tranchées. De même que la biologie découvre des lois de développement, de structure et de fonction qui s’appliquent à tous les organismes en général, et d’autres qui ne sont applicables qu’à certaines classes ou à certains ordres ; de même, en ce qui concerne le développement, la structure et les fonctions du corps social, la science sociale devra établir des principes qui tantôt seront universels, tantôt seulement généraux, tantôt même spéciaux.

Nous rappellerons ici notre conclusion précédente : les agrégats sociaux présenteront évidemment d’autant plus de propriétés communes qu’il y a plus de propriétés communes à tous les êtres humains considérés comme unités sociales ; les caractères communs à une race se retrouveront chez toutes les nations appartenant à cette race ; enfin les caractères particuliers à une variété supérieure de l’espèce humaine se retrouveront chez toutes les communautés formées par cette variété.

Que nous prenions le sujet au point de vue abstrait ou au point de vue concret, nous arrivons à la même conclusion. Il suffit de jeter un regard, d’une part, sur les variétés d’hommes non civilisés et sur l’organisation de leurs tribus,