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que « malheureusement, deux causes (l’altération des monnaies et un changement dans le système de fermage) concouraient à produire la hausse des prix[1]. » Tout le long de l’Histoire d’Angleterre de M. Froude, on trouve, j’ai à peine besoin de le dire, des endroits où il attribue certains changements sociaux à des causes tirées de la nature humaine. Bien plus, dans sa leçon sur la Science de l’Histoire, il établit nettement comme « une leçon de l’histoire » que « la loi morale est inscrite sur les tablettes de l’éternité… Seules la justice et la vérité résistent et vivent. L’injustice et le mensonge pourront vivre longtemps ; mais le jour du jugement arrive à la fin pour eux, sous la forme d’une révolution française ou de quelque autre catastrophe terrible. Il dit, aussi quelque part que « les misères et les horreurs sous lesquelles succombe en ce moment l’empire chinois sont le résultat direct et organique du dévergondage moral de ses habitants[2]. » Par chacune de ces assertions, il affirme implicitement que certaines relations sociales, que certaines sortes d’actions sont nécessairement bienfaisantes tandis que d’autres sont nécessairement funestes — induction historique qui fournit une base pour des déductions positives. Nous ne devons donc pas prendre trop à la lettre les paroles de M. Froude, quand il proclame « l’impossibilité de calculer scientifiquement, avant l’événement, ce que feront les hommes, ou de donner, après l’événement, une explication scientifique de ce qu’ils ont fait. »

Il est un autre écrivain qui conteste aussi la possibilité d’une science sociale ; ou du moins cette science se rapporte suivant lui à des phénomènes tellement soumis à l’influence providentielle, qu’elle ne répond pas à la véritable définition du mot science. C’est le chanoine Kingsley. Dans son discours sur Les limites de la science exacte appliquée à l’histoire, il s’exprime ainsi :

« Puisque les lois de la matière sont nécessaires, dites-vous, il en est probablement de même des lois auxquelles est soumise la vie humaine. Soit. Mais dans quel sens les lois de la matière sont-elles nécessaires ? Est-ce en puis-

  1. History of England, vol. V, p. 109.
  2. Short studies on Great subjects, p. 59.