le faire maintenant, serait empiéter sur notre sujet. Quelques objections secondaires pourront cependant sans inconvénient précéder l’objection principale. Considérons d’abord la position prise par M. Froude :
« Quand des causes naturelles peuvent être écartées et neutralisées par ce qu’on appelle la volition, le mot de science ne saurait être prononcé. Si l’homme est libre de décider ce qu’il fera ou ce qu’il ne fera pas, l’homme ne peut être le sujet d’une science exacte. S’il y a une science de l’homme, il n’y a plus de libre arbitre ; l’éloge et le blâme que nous nous distribuons les uns aux autres n’ont pas de raison d’être et sont déplacés[1].
« De ce pouvoir merveilleux qu’a l’homme d’agir mal… résulte l’impossibilité de calculer scientifiquement, avant l’événement, ce que feront les hommes, ou de donner, après l’événement, une explication scientifique de ce qu’ils ont fait[2].
« M. Buckle voudrait se débarrasser des particularités de tel ou tel individu par la doctrine des moyennes… Malheureusement la moyenne d’une génération n’est pas nécessairement celle de la suivante…, il n’y a jamais deux générations pareilles[3].
« Là (dans l’histoire) les phénomènes ne se répètent jamais. Là, nous nous fondons uniquement sur le récit de choses qu’on nous dit être arrivées une fois, mais qui n’arrivent jamais et ne peuvent pas arriver une seconde fois. Là il n’y a pas d’expérience possible ; nous ne pouvons épier le retour d’un fait pour vérifier nos conjectures[4]. »
Ici M. Froude change le terrain de la discussion et la transporte sur le vieux champ de bataille où le libre arbitre est en conflit avec la nécessité ; il déclare qu’une science sociale est incompatible avec le libre arbitre. La première citation n’implique pas seulement que la volonté de l’individu ne peut être soumise au calcul, et qu’il n’existe pas « une science adéquate de l’homme » (que la psychologie