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saient à la gravitation, comme le font les pierres et les terres. Soit. Il va sans dire qu’ils se conformaient à des lois naturelles, comme le fait toute chose sur terre, lorsqu’ils se conformaient aux lois de la guerre ; car celles-ci aussi sont des lois naturelles, explicables par des principes mathématiques très-simples. Mais je n’admets pas qu’un caillou ou qu’une poignée de sable obéisse à la gravitation autrement que sur la volonté de Dieu ; je crois qu’il a été décidé depuis des siècles que cette pépite d’or serait détachée de telle manière d’un rocher quartzeux d’Australie, et qu’un certain homme la trouverait à un moment déterminé et à une certaine époque critique de son existence ; si je suis assez superstitieux pour conserver cette persuasion (et grâce à Dieu, je le suis) ne dois-je pas croire que lors de cette grande guerre, il y avait un général dans le ciel bien qu’il n’y en eût pas sur la terre et que les armées de nos ancêtres, en dépit de tous leurs péchés, étaient les armées de Dieu[1]. »

Ce n’est pas à nous de chercher à concilier les idées incohérentes qui s’enchevêtrent dans ce paragraphe ; — nous n’avons pas à nous demander comment les effets de la gravitation, — force dont l’action s’exerce avec tant d’uniformité qu’étant données certaines conditions, on peut calculer les résultats avec certitude, — peuvent en même temps être considérés comme les effets d’une volonté, force que nous classons à part parce qu’elle agit d’une façon relativement irrégulière, ainsi que nous l’apprend notre propre expérience. Nous n’avons pas non plus à nous demander comment, — si le cours des choses humaines est providentiellement déterminé, comme celui des phénomènes matériels, — il est possible d’établir une distinction entre la prévision des phénomènes matériels, qui constitue la science physique, et la prévision historique. Nous pouvons laisser au lecteur le soin de tirer cette conclusion évidente, qu’il faut renoncer soit aux idées courantes sur la causalité physique soit aux idées courantes sur la volonté. Il nous suffit d’appeler l’attention sur le titre du chapitre qui contient le passage cité ;

  1. The Roman and the Teuton., pp. 339-40.