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à croire, par exemple, que la prospérité de l’Angleterre, relativement aux états du Continent, est la récompense de l’observation plus exacte du dimanche, ou qu’une invasion du choléra est le résultat de l’omission de la formule Dei gratiā dans une émission de monnaie.

L’interprétation des événements historiques d’après la même méthode accompagne en général ces sortes d’explications des faits journaliers ; et même elle leur survit. Ceux à qui une instruction plus étendue a dévoilé la genèse naturelle des phénomènes relativement simples, croient encore à la genèse surnaturelle des phénomènes très-compliqués, pour lesquels l’enchaînement des causes ne se suit pas sans difficulté. On peut lire dans une dépêche officielle, « qu’il a plu au Dieu Tout-Puissant de bénir les armes britanniques, et d’accorder le plus heureux succès aux vastes combinaisons qui ont été nécessaires pour assurer le passage de la Chenaub[1]. » La forme d’esprit qui a dicté une pareille dépêche, est une forme d’esprit qui, dans l’histoire du passé, voit partout la divinité intervenir pour amener les événements paraissant le plus désirables à son interprète. Par exemple, M. Schumberg écrit ceci :

« Il a semblé bon au miséricordieux Dispensateur des événements humains de renverser tous les obstacles ; et au moyen de son instrument, Guillaume de Normandie, d’ôter les maux du pays et de ressusciter sa grandeur expirante[2]. »

« Et ailleurs :

« Le temps était venu où le Maître Tout-Puissant, après avoir sévèrement châtié la nation tout entière, avait résolu de relever sa tête humiliée — de donner un élan plus rapide à sa prospérité, et d’en faire plus que jamais un État Modèle. Dans ce but, il suscita un homme éminemment propre à l’œuvre qu’il avait en vue (Henri VII)[3]. »

Et encore :

« Comme si Dieu avait voulu marquer avec plus de précision cette période historique, elle se clôt par la mort de

  1. Daily Paper, 22 janvier 1849.
  2. The theocratic Philosophy of English History, vol. I, p. 49.
  3. Ibid., vol. II, p. 681.