leur assez transcendante, pour mériter un si éclatant hommage d’un pays où l’on s’occupait si peu de ceux qui ont sauvé de l’oubli le nom de la race.
« Leur manière de distribuer les monuments honorifiques était du reste remarquable à tous égards. Un de leurs médecins, nommé Jenner, avait, dit-on, sauvé la vie de plusieurs milliers de personnes, en inventant un moyen de ralentir les ravages d’une maladie atroce. Les Anglais lui dressèrent une statue sur l’une de leurs principales places publiques. Cependant, au bout de quelques années, ils se repentirent d’avoir mis cette statue tellement en vue. On la relégua au fond d’un jardin situé dans un faubourg et fréquenté principalement par des enfants et des bonnes, et on la remplaça par la statue d’un grand chef militaire — un nommé Napier, qui avait aidé à vaincre et à contenir des races plus faibles. L’auteur du rapport ne nous dit pas si ce dernier avait détruit autant de vies que le premier en avait sauvé, mais il fait la remarque suivante : « — Je ne puis assez m’étonner de cette bizarre substitution chez un peuple qui professait une religion de paix. »
« Du reste, cet acte ne paraît pas avoir été en désaccord avec leur manière de faire accoutumée — tout au contraire. Le rapport nous apprend que pour conserver le souvenir d’une grande victoire remportée sur un peuple voisin, les Anglais célébrèrent pendant fort longtemps un banquet annuel, rappelant beaucoup la danse du scalp usitée en signe de commémoration chez des peuples encore plus barbares. Il y avait toujours présent à cette solennité un prêtre, qui appelait sur le banquet les bénédictions d’un être invoqué sous le nom de Dieu d’amour. À certains égards, leur code de conduite ne semble vraiment pas en avance sur celui d’un peuple encore plus ancien auquel ils ont emprunté leur religion ; il semble plutôt avoir reculé. Une des lois de ce peuple plus ancien était « œil pour œil, dent pour dent ; » chez les Anglais, plusieurs lois, particulièrement celles qui visaient les actes pouvant entraver certains soi-disant divertissements des classes gouvernantes, infligeaient des pénalités montrant que le principe était devenu « jambe pour œil et bras pour dent. » Les relations qui existaient entre leur religion et celle de l’ancien peuple