On ne saurait en donner une preuve plus frappante que ce personnage en armure qui a figuré jusqu’aux temps modernes dans la cérémonie du couronnement, où il se proclamait par la bouche d’un héraut le champion au roi contre tout venant.
Si nous passons des agents qui assurent l’exécution de la loi aux formalités, termes et documents judiciaires, nous retrouvons partout la même tendance. Le parchemin, généralement remplacé par le papier, s’emploie encore pour les actes. On se sert pour les écrire d’un vieux type d’écriture. Des mots latins et normands-français, absolument inusités ailleurs, sont conservés dans la langue du droit anglais ; il est jusqu’à des mots du vieil anglais, seize par exemple, qui, employés juridiquement, gardent un sens qu’ils n’ont plus dans le langage usuel. Les formalités d’authentication des documents démontrent la même vérité. Ainsi, le sceau, qui était originairement la signature, subsiste concurremment avec la signature écrite qui est venue le remplacer dans la pratique ordinaire. Nous conservons jusqu’au symbole du symbole, par exemple le papier gaufré qui, dans tout transfert d’action, représente le sceau. Parmi les coutumes dont la trace a persisté dans les transactions légales, il s’en trouve de bien plus vieilles encore. En Écosse, le vendeur d’une propriété remet un fragment de roche à l’acheteur ; ce qui correspond évidemment à une cérémonie pratiquée par les peuples de l’antiquité et qui consistait à envoyer la terre et l’eau en signe de cession de territoire.
Les administrations officielles nous fourniraient au besoin une foule de faits à l’appui. En dépit des nécessités impérieuses imposées par le soin de la défense nationale, on a eu beaucoup de peine à remplacer la platine à silex du mousquet par une platine à percussion. La carabine a servi de fusil de chasse à plusieurs générations avant d’être devenue d’un emploi général à la guerre. Il y avait longtemps que le commerce tenait tous ses livres en partie double, lorsque les bureaux du gouvernement se résignèrent enfin à délaisser la tenue en partie simple ; 1834, qui vit cette révolution, assista également à la ruine d’un autre système encore plus primitif, celui des tailles et des