Page:Spencer - La Science sociale.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sociales sont aussi rudimentaires, sont aussi des esprits disposés à nourrir des espérances insensées sur les bienfaits à attendre de l’action administrative. Ils semblent tous partir de ce postulatum sous-entendu, que chaque plaie peut être guérie, et que la guérison dépend de la loi. — « Pourquoi ne surveille-t-on pas mieux la marine marchande ? » demandait récemment un correspondant du Times, oubliant apparemment qu’en un an le pouvoir qu’il invoque vient de perdre deux de ses propres navires et a failli en perdre un troisième. — « Les constructions laides blessent et attristent les yeux, dit un autre ; il faut les interdire. « Cet ami de l’éducation esthétique ignore que l’agent officiellement chargé de développer le bon goût chez le peuple anglais a produit une série de monuments et d’édifices publics dont le plus charitable est de ne rien dire, et qu’il vient d’adopter pour le Palais de Justice un plan qui est presque unanimement réprouvé. « Pourquoi l’autorité a-t-elle souffert d’aussi mauvaises conditions hygiéniques ? » demandait-on partout après l’épidémie de fièvre qui régna chez Lord Londesborough. Aucun de ceux qui répétaient cette question ne réfléchissait que les conditions hygiéniques dont il s’agit et les résultats qu’elles produisaient, étaient la résultante des soins officiels donnés à la santé publique, et que si l’on avait pu introduire dans nos maisons des gaz délétères, c’était grâce à l’hygiène légale[1]. — « L’État devrait acheter les chemins de fer, » disent avec assurance des personnes lisant tous les matins dans leur journal que le chaos règne à l’amirauté et le désordre dans nos arsenaux, que notre armée est mal organisée, que notre diplomatie commet des bévues compromettant la paix, ou encore que nous paralysons

  1. Parmi différents témoignages à l’appui de ce fait, un des plus frappants a été fourni par M Charles Mayo, M. B., du New College d’Oxford. Ayant eu à examiner le drainage de Windson, il a découvert que « dans une épidémie antérieure de typhoïde, le quartier bas et pauvre de la ville avait été presque entièrement préservé, tandis que le beau quartier avait beaucoup souffert. Cette différence était venue de ce que toutes les maisons bien installées étaient reliées aux égoûts, tandis que le quartier pauvre, qui n’avait pas de système de drainage, se servait de puits perdus installées dans les jardins. Cet exemple est loin d’être isolé. »